NaomiFeil est la crĂ©atrice de la mĂ©thode de validation. NĂ©e Ă  Munich en 1932, elle a grandi dans un Ă©tablissement spĂ©cialisĂ© dans les personnes ĂągĂ©es, dans l'Ohio. Son pĂšre en Ă©tait le directeur et sa mĂšre avait la responsabilitĂ© du dĂ©partement du service social. DĂšs qu'elle a obtenu sa maitrise en travail social, elle commença Lesphases de la rĂ©solution dĂ©crites par Naomi Feil sont au nombre de quatre. Chacune correspond Ă  un retrait plus important de la rĂ©alitĂ©. Elles ne sont pas fixĂ©es au dĂ©but de leur Reconnueet utilisĂ©e dans le monde entier, la Validation de Naomi Feil est une mĂ©thode d'accompagnement pour les personnes ĂągĂ©es atteintes de la maladie d'Alzheimer ou de maladies apparentĂ©es. Dans ce best-seller, Vicki de Klerk-Rubin met la Validation Ă  la portĂ©e du plus grand nombre et des familles des malades en particulier. DĂšsson origine qui remonte Ă  1963 la mĂ©thode de Validation se distingue par des prĂ©supposĂ©s positifs inhabituels sur le sens des comportements perturbĂ©s des grands vieillards dĂ©sorientĂ©s. De formation analytique, Naomi Feil considĂšre le refoulement Ă  la lumiĂšre du dĂ©veloppement humain et s’emploie Ă  entretenir un lien significatif avec les personnes atteintes. Dansce livre Naomi Feil nous expose les principes fondateurs de sa mĂ©thode, la Validation Therapy, basĂ©e sur une attitude empathique, respectueuse et authentique envers le vieillard dĂ©sorientĂ©. Ce livre est destinĂ© Ă  tous ceux qui DĂ©couvrezet achetez le livre Validation, la mĂ©thode de Naomi Feil : pour une vieillesse pleine de sagesse : aider et accompagner les grands vieillards dĂ©sorientĂ©s Ă©crit par Naomi Feil chez Lamarre sur Lalibrairie.com FdgQ1F. Alzheimer une journĂ©e pour dĂ©couvrir la mĂ©thode Validation - Ouest-France juin 15, 2016 - Ouest-France Alzheimer une journĂ©e pour dĂ©couvrir la mĂ©thode Validation Ouest-France... QuatriĂšme de couverture La mĂ©thode de Naomi Feil Ă  l'usage des familles Reconnue et utilisĂ©e dans le monde entier, la Validation de Naomi Feil est une mĂ©thode d'accompagnement pour les personnes ĂągĂ©es atteintes de la maladie d'Alzheimer ou de maladies cet ouvrage, Vicki de Klerk-Rubin met la Validation Ă  la portĂ©e du plus grand nombre et des familles des malades en particulier. Elle propose une mĂ©thode pour rejoindre la personne dĂ©sorientĂ©e dans sa rĂ©alitĂ©, en acceptant ses ressentis face Ă  la difficultĂ© de la situation et en mettant de cĂŽtĂ© nos propres sentiments, le temps de la relation, afin d'accueillir ceux du proche malade. Il s'agit d'observer, de trouver la juste distance et d'utiliser les techniques appropriĂ©es pour procurer un soulagement aux grands vieillards et leur permettre de se sentir acceptĂ©s tels qu'ils sont devenus, en Ă©vitant ainsi le repli sur nombreux exemples concrets prĂ©sentĂ©s constituent autant d'outils pratiques pour garder le lien, communiquer, accompagner et valoriser ses proches livre, qualifiĂ© par Naomi Feil d' exceptionnel » et rĂ©digĂ© avec empathie, est Ă©galement un excellent complĂ©ment aux formations Ă  la Validation pour le personnel Responsable europĂ©enne pour le Validation Training Institute VTI et Master certifiĂ© en Validation, Vicki de Klerk-Rubin possĂšde un diplĂŽme d'Ă©tat d'infirmiĂšre nĂ©erlandais. Elle a co-Ă©crit la troisiĂšme Ă©dition de Validation, la mĂ©thode de Naomi Feil et la seconde Ă©dition de Validation, mode d'emploi. Elle anime des journĂ©es de travail sur la Validation, des confĂ©rences, ainsi que des formations Ă  travers le monde. Naomi Feil et Vicki de Klerk animeront une journĂ©e de formation Ă  Paris le 17 mars 2017, l’occasion pour Naomi Feil de parler de la mĂ©thode de Validation qu’elle a dĂ©veloppĂ©e il y plus de 50 ans. Cette journĂ©e d’étude est destinĂ©e aux aidants, professionnels, familiaux ou bĂ©nĂ©voles, qui accompagnent des personnes ĂągĂ©es dĂ©sorientĂ©es en perte d’autonomie. Objectifs de la journĂ©e d’étude Cette journĂ©e d’étude a pour objectif de permettre aux participants d’identifier des aspects physiques, sociaux et Ă©motionnels qui engendrent les changements liĂ©s au vieillissement. Elle a Ă©galement pour vocation de dĂ©velopper un comportement professionnel ainsi qu’une attitude bienveillante vis-Ă -vis de la personne ĂągĂ©e en perte d’autonomie en toutes circonstances. Programme de la journĂ©e d’étude Qu’est-ce que la Validation? Le comportement spĂ©cifique au trĂšs grand Ăąge La sagesse du grand Ăąge Les principes de la Validation Les quatre phases de l’étape de RĂ©solution Une attitude de base l’Empathie Identifier les diffĂ©rentes phases de la RĂ©solution Les caractĂ©ristiques de la “mal-orientation” Les techniques verbales utilisĂ©es dans la Validation CaractĂ©ristiques de la “confusion temporelle” Les symboles RepĂ©rer le “sens prĂ©fĂ©rĂ©â€ Les techniques non verbales utilisĂ©es dans la Validation Exercices trouver la distance appropriĂ©e, Ă©tablir un contact oculaire et utiliser le ton de voix juste DiffĂ©rences entre maladie d’Alzheimer Ă  dĂ©but prĂ©coce et dĂ©mence sĂ©nile Informations pratiques Date Vendredi 17 mars 2017 de 8h30 Ă  17h00 Lieu Théùtre des Feux de la rampe, 34, rue Richer – Paris 9e Inscription en ligne sur le site dĂ©diĂ© ou sur place le jour J dĂšs 8h00. > TĂ©lĂ©charger le programme de l’évĂšnement Interactions du lecteur RĂ©sumĂ© du document Naomi Feil est la crĂ©atrice de la mĂ©thode de validation. NĂ©e Ă  Munich en 1932, elle a grandi dans un Ă©tablissement spĂ©cialisĂ© dans les personnes ĂągĂ©es, dans l'Ohio. Son pĂšre en Ă©tait le directeur et sa mĂšre avait la responsabilitĂ© du dĂ©partement du service social. DĂšs qu'elle a obtenu sa maitrise en travail social, elle commença Ă  s'intĂ©resser aux personnes ĂągĂ©es. De 1963 Ă  1980, elle mit au point sa thĂ©orie de la validation en rĂ©ponse Ă  la dĂ©ception qu'elle Ă©prouvait devant l'inefficacitĂ© des mĂ©thodes de travail appliquĂ©es aux grands vieillards. Par la suite, elle publia deux livres et produit de nombreux films et vidĂ©os. Ses observations et ses travaux de recherche l'ont amenĂ©e Ă  dĂ©couvrir que derriĂšre des comportements qui peuvent sembler illogiques, il y a des raisons sensĂ©es. Celles-ci sont toujours liĂ©es Ă  leurs vies antĂ©rieures. Elle a su identifier Ă  partir des critĂšres physiques et psychologiques quatre phases, chaque phase est un retrait supplĂ©mentaire de la rĂ©alitĂ©, une rĂ©gression physique lente. Sommaire Historique Public concernĂ© Principe de la validation Les outils de communication La formation Extraits [...] Phase 1 malorientation = orientation malheureuse dans la rĂ©alitĂ© Phase 2 confusion temporelle, dĂ©sorientation et perte des capacitĂ©s cognitives Phase 3 mouvements rĂ©pĂ©titifs, ils remplacent la parole Phase 4 Ă©tat vĂ©gĂ©tatif, replis sur soi complet Public concernĂ© La validation s'adresse Ă  des personnes trĂšs ĂągĂ©es souvent de 75 ans et plus dont les fonctions cĂ©rĂ©brales, visuelles, auditives, motrices, Ă©motionnelles et mnĂ©siques diminuent de maniĂšre permanente. D'aprĂšs Naomi Feil, quand la rĂ©alitĂ© prĂ©sente devient douloureuse certains vieillards survivent en se repliant sur eux-mĂȘmes et en stimulant les souvenirs du passĂ©. Cela est souvent nommĂ© dĂ©mence. Elle considĂšre au contraire ce processus comme un mĂ©canisme de dĂ©fense. Principe de la validation C'est une mĂ©thode destinĂ©e Ă  favoriser la communication avec les personnes ĂągĂ©es dĂ©sorientĂ©es souvent diagnostiquĂ©es malades d'Alzheimer ou d'une dĂ©mence apparentĂ©e. [...] [...] Pour ĂȘtre animateur de groupe de validation, la formation s'effectue en trois modules de deux journĂ©es. Pour ĂȘtre enseignant en validation, les cours portent sur deux modules de trois et deux journĂ©es de formation. Les cours doivent ĂȘtre autorisĂ©s par l'Institut de Formation Ă  la Validation VTI ou par un Organisme Agréé en Validation AVO. Ce qu'est la validation [en ligne] ConsultĂ© le 25/05/2010 APV APA Association pour la Promotion de la Validation auprĂšs des personnes ĂągĂ©es [en ligne], site consultĂ© le 25/05/2010 La mĂ©thode de validation de Naomi Feil [en ligne] Site consultĂ© le 25/05/2010 Communiquer avec la personne ĂągĂ©e de type Alzheimer [en ligne] Site consultĂ© le 25/05/2010 FEIL, n., VALIDATION, deuxiĂšme Ă©dition Edition pradel, 1994. [...] [...] La mĂ©thode de la validation, Naomi Feil Historique Naomi Feil est la crĂ©atrice de la mĂ©thode de validation. NĂ©e Ă  Munich en 1932, elle a grandi dans un Ă©tablissement spĂ©cialisĂ© dans les personnes ĂągĂ©es, dans l'Ohio. Son pĂšre en Ă©tait le directeur et sa mĂšre avait la responsabilitĂ© du dĂ©partement du service social. DĂšs qu'elle a obtenu sa maĂźtrise en travail social, elle commença Ă  s'intĂ©resser aux personnes ĂągĂ©es. De 1963 Ă  1980, elle mit au point sa thĂ©orie de la validation en rĂ©ponse Ă  la dĂ©ception qu'elle Ă©prouvait devant l'inefficacitĂ© des mĂ©thodes de travail appliquĂ©es aux grands vieillards. [...] [...] La validation a pour objectif de maintenir la communication en dĂ©veloppant une relation respectueuse. En leur permettant d'exprimer leurs Ă©motions, elle les aide Ă  terminer des tĂąches inachevĂ©es, Ă  rĂ©soudre des conflits, Ă  trouver un certain apaisement. Les buts de la validation - RĂ©duire le stress - RĂ©soudre des conflits non rĂ©glĂ©s du passĂ© - RĂ©duire les recours Ă  une contention physique et chimique - AmĂ©liorer la communication verbale et non verbale - PrĂ©venir le repli sur soi et le glissement vers l'Ă©tat vĂ©gĂ©tatif - Apporter au personnel soignant plus de motivation et de plaisir Ă  travailler La validation est basĂ©e sur la notion qu'il y a une raison derriĂšre tout comportement. [...] [...] Ensemble les personnes ĂągĂ©es rompent l'isolement. Le rĂŽle de l'animateur est d'encourager les interactions et de permettre l'expression des Ă©motions. Pour se faire, le soignant doit - adopter une attitude empathique - reformuler avec des mots clairs les phrases parfois confuses - questionner avec des mots simples Ă©viter ceux qui font appel Ă  la logique pourquoi - garder un contact visuel pendant les conversations pour soutenir le contact verbal - veillez Ă  la position de son corps attitude, mimiques, tonalitĂ© de la voix - observer les Ă©motions exprimĂ©es du patient - respecter la bonne distance pour ne pas dĂ©clencher la peur ou l'hostilitĂ© - Ă©valuer le stade de la dĂ©sorientation de la personne selon les quatre phases identifiĂ©es par Naomi Feil, pour adapter la prise en charge Phase 1 reconnaĂźtre l'Ă©motion de la personne, utiliser des phrases non menaçantes commençant par qui, quoi, oĂč, comment ? [...] 1La Validation ne constitue plus en elle-mĂȘme une nouveautĂ©, dans la mesure oĂč sa conception remonte Ă  1963 et son introduction en Europe Ă  1988. Pourtant, profondĂ©ment novatrice dans son intention, elle s’inscrit Ă  contre courant des dogmes en vigueur, et du pronostic implacable et aliĂ©nant, alors associĂ© Ă  la maladie d’Alzheimer. 2Elle postule qu’il est possible d’entretenir une relation de qualitĂ© avec les personnes ĂągĂ©es dites dĂ©mentes et entreprend de dĂ©velopper une pratique, qui manifeste le droit imprescriptible de tout ĂȘtre humain au respect de sa dignitĂ©, de son intĂ©gritĂ© et de sa libertĂ© d’expression. Attentive au parcours de vie, elle puise dans les thĂ©ories du dĂ©veloppement, dans les travaux d’Abraham Maslow et dans la psychanalyse, matiĂšre Ă  prĂ©supposer un sens aux troubles psycho comportementaux des grands vieillards. Afin de nourrir des Ă©changes fonctionnels, elle s’emploie Ă  identifier et Ă  rĂ©ajuster en fonction des rĂ©sultats observĂ©s, les modes de communication opĂ©rant durant les phases successives de la maladie. ConsidĂ©rant la place essentielle de l’affectivitĂ© dans la psychĂ© des personnes ĂągĂ©es dĂ©sorientĂ©es, elle s’inspire de l’attitude empathique prĂŽnĂ©e par Carl Rogers pour instaurer une Ă©coute et maintenir une distance juste, en soutien de la dynamique propre Ă  chaque individu. 3Aujourd’hui, la Validation trouve des applications qui viennent enrichir la pratique des professionnels mis en Ă©chec et parfois dĂ©sabusĂ©s, et celle des proches souvent accablĂ©s par un fardeau dĂ©sespĂ©rant. Selon nos observations, elles suscitent des prises en charge » renouvelĂ©es par l’expĂ©rience essentielle d’une prĂ©sence authentique Ă  l’Autre ; maniĂšre d’ ouvrir la porte comme un voyageur installĂ© pour un temps accueille un autre voyageur, prenant soin de son bien ĂȘtre, sans lui imposer la discipline de son chemin ni les visions de son propre voyage » [1]. Elle peut ainsi contribuer Ă  rĂ©vĂ©ler les ressources latentes, une crĂ©ativitĂ© partagĂ©e, et Ă  rĂ© susciter la motivation de chacun des acteurs, en les mobilisant sur des objectifs rĂ©alistes dans l’exercice quotidien de leurs fonctions. ORIGINES ET PRÉSUPPOSÉS FONDATEURS4Naomi Feil est nĂ©e en Allemagne en 1932. ImmigrĂ©e aux États-Unis en 1936, elle a fait ses Ă©tudes de psychologie Ă  New York, obtenu une MaĂźtrise et un certificat de travail en groupes. Depuis 45 ans, elle s’emploie Ă  trouver des moyens de mieux accompagner les grands vieillards qualifiĂ©s de dĂ©ments sĂ©niles. Elle choisit de les aborder en tant que sujets, dont le vieillissement restreint le potentiel physique, sensoriel et psychique, les exposant Ă  ĂȘtre mal heureusement orientĂ©s, ou dĂ©sorientĂ©s privĂ©s d’orientation, plutĂŽt que les rĂ©duire Ă  un statut de malade ou de dĂ©ment. 5Elle tisse des liens entre thĂ©ories, observations et mise en Ɠuvre pragmatique de la communication. Chemin faisant, elle optimise ainsi, et structure, une pratique destinĂ©e Ă  maintenir des Ă©changes significatifs avec ces personnes disqualifiĂ©es et marginalisĂ©es. Elle nomme d’abord son approche Fantasy Therapy », thĂ©rapie de ou par l’imaginaire puis, Validation Therapy ». Therapy » au sens de prendre soin et Validation » pour Ă©voquer la reconnaissance d’une spontanĂ©itĂ© crĂ©ative et pertinente, mobilisĂ©e par des affects et se dĂ©clinant en comportements qui, par delĂ  l’altĂ©ritĂ©, en appellent Ă  la reconnaissance inconditionnelle de lĂȘtre humain. 6ReconnaĂźtre valeur et pertinence Ă  ceux qu’on s’accordait trop souvent Ă  considĂ©rer comme privĂ©s de raison, voire comme fous, constituait en soi une innovation qui n’allait pas manquer d’ébranler des prĂ©jugĂ©s bien Ă©tablis. CHOIX D’UNE VISION POSITIVE PLUTÔT QUE DÉFICITAIRE PRÉSUPPOSÉ ONTOLOGIQUE LA MALADIE N’ALTÈRE PAS LA NATURE ESSENTIELLE DE L’ÊTRE HUMAIN7En dĂ©pit des altĂ©rations engendrĂ©es par la maladie, la personne conserve son statut et l’identitĂ© profonde qu’elle s’est forgĂ©e durant son parcours de vie. 8Cela implique le respect de son intĂ©gritĂ©, passe par l’usage des codes sociaux tels que l’emploi du nom, le vouvoiement, la poignĂ©e de main, et requiert de traiter la personne atteinte avec Ă©gard, en tenant compte de sa rĂ©alitĂ© subjective, de son rythme, de ses affects parfois dĂ©calĂ©s » et de ses demandes. Dans cette optique bisous » et autres gestes familiers doivent rester l’apanage des proches, afin de prĂ©munir les protagonistes envers jeux de projections et fausses reconnaissances. 9Alors, au lieu de cantonner dans sa chambre – pour d’incessants appels au secours » – cette vieille dame mise au fauteuil roulant dans le but de lui prĂ©server une hypothĂ©tique dignitĂ© posturale, on pourrait rĂ©pondre Ă  un probable besoin de prĂ©sence et entendre » sa propre perception de sa dignitĂ© et de son confort, pour aboutir, par exemple, Ă  lui proposer de l’installer confortablement dans son lit en programmant visites, réévaluations et rĂ©ajustements rĂ©guliers. PRÉSUPPOSÉ ANTHROPOLOGIQUE LE VIEILLARD DÉSORIENTÉ DEMEURE ENGAGÉ DANS UN PROCESSUS DE DÉVELOPPEMENT, JUSQU’AU TERME DE SON EXISTENCE10L’idĂ©e qu’une personne Ă©volue sa vie durant est inspirĂ©e, au dĂ©part, de Jean Piaget ; et l’idĂ©e qu’elle aspire Ă  terminer ses jours avec le sentiment du devoir accompli – en paix avec elle-mĂȘme et autrui – est empruntĂ©e Ă  Erik Erikson [2]. Selon ce dernier, ceux qui, leur vie durant, auraient su affronter avec succĂšs leurs Ă©preuves, pourraient compter atteindre une forme d’accomplissement et de sĂ©rĂ©nitĂ©, les autres Ă©tant vouĂ©s au dĂ©sespoir, faute d’un bilan acceptable. 11Or, les personnes ĂągĂ©es dĂ©mentes » ont aussi Ă©tĂ© jeunes ; elles ont parcouru avec plus ou moins de bonheur leurs diffĂ©rentes Ă©tapes de vie, jalonnĂ©es de crises et marquĂ©es par les Ă©vĂ©nements singuliers de leur histoire personnelle, familiale et sociale. 12ConsidĂ©rant qu’elles gardent une personnalitĂ© pĂ©renne, conservent des capacitĂ©s et des affects parfois refoulĂ©s et que, elles aussi, aspirent Ă  une lĂ©gitime paix intĂ©rieure, Naomi Feil avance une hypothĂšse audacieuse au prix d’une altĂ©ration de leur rapport avec ce qu’il est convenu d’appeler la rĂ©alitĂ©, une forme de rĂ©paration resterait accessible Ă  ceux qu’encombrent d’anciens vestiges Ă©motionnels et qui parfois opĂšrent sous nos regards incrĂ©dules une forme de retour, voire de rĂ©interprĂ©tation, de certains Ă©pisodes marquants de leur vie. 13Elle ajoute donc aux Ă©tapes de vie dĂ©crites par Erik Erikson une Ă©tape facultative, qu’elle appelle Ă©tape de la RĂ©solution », apanage du trĂšs grand Ăąge. Sorte de derniĂšre chance de mettre sa vie en ordre avant de la quitter que s’octroierait le vieillard en proie au dĂ©sespoir. Boris Cyrulnik [2] Ă©voque une notion similaire lorsqu’il Ă©crit que Le rĂ©examen de la vie a Ă©tĂ© proposĂ© Ă  titre psychothĂ©rapeutique pour les ĂągĂ©s. Il s’agit d’un processus mental qui, quelle que soit la culture, se manifeste naturellement par le retour progressif Ă  la conscience des expĂ©riences passĂ©es, notamment la rĂ©surgence des conflits non rĂ©solus ». 14A dĂ©faut de se sentir accompagnĂ©e, acceptĂ©e ou pour le moins entendue la personne, engagĂ©e dans cette Ă©tape de RĂ©solution », est susceptible de rĂ©gresser de maniĂšre variable, selon quatre phases correspondant Ă  des profils psycho comportementaux distincts, dĂ©crits par Naomi Feil la mal-orientation oĂč la personne demeure orientĂ©e dans le temps et l’espace, utilise correctement le langage, mais aurait tendance Ă  nier ses pertes, au prix d’interprĂ©tations plus ou moins fantaisistes, par exemple mon lit est tout mouillĂ©, car il y a des fuites au plafond » ; la confusion temporelle oĂč la personne prĂ©senterait une dĂ©sorientation temporo-spatiale et interpersonnelle, mais utiliserait encore correctement le langage parlĂ© ; la phase des mouvements rĂ©pĂ©titifs oĂč elle remplacerait le langage parlĂ© par des mouvements ou des sons ; et enfin la phase d’état vĂ©gĂ©tatif, oĂč la personne garderait le plus souvent les yeux fermĂ©s et bougerait Ă  peine, mais, malgrĂ© ce repli sur elle-mĂȘme, resterait sensible aux sons, aux odeurs, au toucher. PRÉSUPPOSÉ PSYCHOSOCIOLOGIQUE LE RAPPORT AU RÉEL EST PERSONNEL, SUBJECTIF ET SOUMIS À L’AFFECTIVITÉ15La rĂ©alitĂ© » est une construction dĂ©pendant de nos perceptions sensorielles, sous influence du langage, des interactions, de la culture et des conceptions du monde que nous partageons. 16La notion selon laquelle les Ă©motions voyagent dans le temps » — une Ă©motion actuelle pouvant rĂ©activer la mĂ©moire d’évĂ©nements passĂ©s — est hĂ©ritĂ©e du champ psychanalytique. Les Ă©motions mobilisent la pensĂ©e et la conduisent Ă  revisiter les Ă©pisodes significatifs auxquels elles sont attachĂ©es ; si bien que les exprimer permet parfois de soulager des tensions anciennes [3]. 17La dĂ©sorientation des vieillards peut ainsi ĂȘtre envisagĂ©e, non comme la simple manifestation d’une dĂ©ficience [4] mais, comme une capacitĂ© Ă  rĂ©actualiser des sĂ©quences passĂ©es avec lesquelles — elles et leur entourage — gardent des liens intemporels de nature affective. PRÉSUPPOSÉ PSYCHOCOMPORTEMENTAL TOUT COMPORTEMENT A UNE FONCTION, MÊME SI NOUS NE SOMMES PAS EN MESURE DE LUI ATTRIBUER UN SENS18Au cours du dĂ©veloppement de l’homme le mouvement prĂ©cĂšde le langage [8] ; il manifesterait une intention, serait l’expression d’un dĂ©sir et le porteur d’un sens implicite. Tout comportement, tout geste prendrait donc valeur de message potentiel et aurait vocation Ă  ĂȘtre un vecteur de communication. 19ConsidĂ©rant que le comportement d’une personne ĂągĂ©e, mal ou dĂ©sorientĂ©e, ne peut ĂȘtre dĂ©terminĂ© par les seules lĂ©sions cĂ©rĂ©brales, Naomi Feil propose d’éviter de la dĂ©tourner du projet qui l’anime, pour lui permettre de s’exprimer et d’en reconnaĂźtre, d’en valider », la lĂ©gitimitĂ©. PROJET DE COMMUNIQUER POUR ENTRETENIR UNE DYNAMIQUE DE LA RELATION 20Un tel projet procĂšde d’une intention modeste et d’initiatives concrĂštes, suivies d’une observation attentive des effets induits et d’autant de rĂ©ajustements que nĂ©cessaires. Dans l’esprit du dĂ©butant il y a de nombreuses possibilitĂ©s, dans l’esprit du spĂ©cialiste il y en a peu » [9]. ON NE PEUT PAS NE PAS COMMUNIQUER » AXIOME ISSU DE LA LOGIQUE DE LA COMMUNICATION [10] 21Dans la mesure oĂč la parole fonde notre humanitĂ©, il convient de considĂ©rer la parole disqualifiĂ©e du sujet dĂ©clarĂ© dĂ©ment » en tenant compte de ses capacitĂ©s de communication sur un mode Ă©largi au non verbal, c’est-Ă -dire prenant en compte sa posture, sa gestuelle, ses mimiques, mais aussi ses conduites et leurs dimensions symboliques, afin que son statut soit restaurĂ© et entretenu dans l’échange. OBSTACLES COUTUMIERS22Hormis les rĂ©sistances liĂ©es Ă  la peur d’une impensable » communication avec celui encore trop perçu comme tout autre, les entraves communes sont les interprĂ©tations Vous dites ça, parce que vous ĂȘtes fĂąchĂ© » ; les gĂ©nĂ©ralisations Vous voulez toujours avoir raison ! », et toutes formes de rationalisations, affirmations, jugements et conseils. Il existe aussi un autre excellent moyen de rompre la relation et de casser » la confiance avec le vieillard Alzheimer c’est de ne pas lui prĂȘter attention et de ne tenir aucun compte de ses rĂ©actions, verbales et non verbales. INITIER UNE COMMUNICATION FONCTIONNELLE23Parmi une vingtaine d’outils usuels proposĂ©s par Naomi Feil, la reformulation utilisĂ©e avec mesure et discernement confirme Ă  l’interlocuteur qu’il a Ă©tĂ© entendu. Faisant Ă©cho aux mots, au ton, Ă  la gestuelle, elle contribue Ă  engager une prise de contact, une alliance, pour initier une relation propice Ă  l’accompagnement. On invite ainsi le vieillard dĂ©sorientĂ© Ă  s’exprimer selon sa vision du monde, en s’accordant Ă  lui pour cheminer de conserve. 24Boris Cyrulnik [11] rappelle que Le cheminement le plus sain et le moins coĂ»teux est constituĂ© par la narrativitĂ©. La compĂ©tence au rĂ©cit de soi est nĂ©cessaire pour se faire une image de sa propre personnalitĂ©. Ce travail provoque un Ă©trange plaisir ». Plus encore la narrativitĂ© permet de se constituer en sujet intime et la narration invite Ă  prendre sa place dans le monde humain en partageant son histoire ». ATTITUDE ATTENTIVE À MANIFESTER UNE PRÉSENCE OBSERVATION ET REGARD25Observation et quĂȘte du regard sont dĂ©terminantes pour solliciter l’autre Ă  entrer en relation et le rejoindre sans s’imposer. Ces deux attitudes contribuent au recueil d’informations sur son Ă©tat Ă©motionnel et autorisent les ajustements indispensables pour entretenir la relation et pour que l’Autre ait l’opportunitĂ© de se sentir reconnu, validĂ©. Le plus important pour moi, ce qui m’a le plus fondĂ©, ce qui m’a donnĂ© de l’appui, ce n’est pas ce que cet homme m’a donnĂ© Ă  croire c’est qu’il m’a cru » [12]. DISTANCE ET FRONTIÈRES26Nous avons tous besoin de cartes » pour nous orienter, mais nous devons aussi savoir reconsidĂ©rer nos idĂ©es prĂ©conçues pour nous adapter au terrain », au fil des Ă©vĂ©nements. Si cela ne marche pas, n’en restez pas lĂ , faites autre chose » [13]. 27Le rĂ©ajustement de la distance en fonction des rĂ©actions non verbales requiert une attention constante Ă  autrui et tĂ©moigne de la valeur qu’on lui accorde. Une telle disponibilitĂ© suppose une prĂ©sence authentique et demande une vigilance tendue simultanĂ©ment vers l’autre et vers soi. Celle-ci peut s’exercer avec une pratique du centrage », consistant Ă  prendre le temps de se rassembler », de prendre conscience de ce que l’on apporte avec soi, pour se prĂ©parer Ă  la rencontre et parvenir Ă  diffĂ©rencier son propre Ă©tat Ă©motionnel de celui de l’autre. EMPATHIE28Carl Rogers dĂ©fini l’empathie comme la facultĂ© » que doit dĂ©velopper tout thĂ©rapeute pour se rendre disponible et affranchi de ses prĂ©occupations personnelles, Ă  l’instar d’une caisse de rĂ©sonance ». ConsidĂ©rant le client comme seul dĂ©tenteur de la solution Ă  son problĂšme, il prĂ©cise qu’il faut veiller Ă  n’ĂȘtre pas perçu comme une menace. Ces dispositions essentielles Ă  la pratique de la Validation demandent flexibilitĂ© et congruence [14] pour accompagner l’expression des Ă©motions qui se manifestent. 29L’empathie requiert de l’intervenant la capacitĂ© de faire confiance Ă  l’autre, mĂȘme dĂ©ment, afin de cerner son mode de rĂ©solution. Naomi Feil souligne la nĂ©cessitĂ©, pour s’y familiariser, de s’entraĂźner et de cadrer le temps. Sans limite de temps, ni conscience de ses propres limites, l’intervenant s’exposerait Ă  la confusion et au risque de substituer son vĂ©cu Ă  celui de l’autre. 30Certaines pratiques en usage, telles la rĂ©orientation dans la rĂ©alitĂ©, le mensonge thĂ©rapeutique pour enjoliver une rĂ©alitĂ© perçue par l’aidant comme trop douloureuse, ou la diversion pour distraire la personne de ce qui la prĂ©occupe et l’amener Ă  penser Ă  autre chose, tentent Ă  leur maniĂšre de combler l’immense dĂ©sarroi des aidants face Ă  ces personnes d’un “commerce ” parfois difficile, tant elles sont diffĂ©rentes du “commun des mortels” mais qui peuvent se rĂ©vĂ©ler trĂšs attachantes Ă  l’usage [15] ». 31Mais, pour sa part, Naomi Feil prĂŽne d’éviter de telles attitudes de patronage » ou de maternage et propose de s’accorder au rythme du vieillard dĂ©sorientĂ©, de mettre ses pas dans ses pas », pour tenter d’entrer en rĂ©sonance » avec lui. Il s’agit de n’ĂȘtre ni devant, ni derriĂšre, mais avec » lui, Ă  ses cĂŽtĂ©s, de le rejoindre dans sa rĂ©alitĂ© du moment et de l’explorer ensemble, sans la remettre en question, afin qu’il puisse se sentir en compagnie. 32En rĂ©sumĂ©, cette approche ne tolĂšre ni pieux mensonges, ni diversions charitables, ni rĂ©confort illusoire. Elle exige authenticitĂ© et honnĂȘtetĂ© dans l’exercice d’une responsabilitĂ© consciente de ses propres limites. APPLICATIONS ACTUELLES FORMATIONS INTERDISCIPLINAIRES 33Suscitant un sentiment d’impuissance propre Ă  malmener leur identitĂ© professionnelle, la formation initiale laisse trop souvent les professionnels dĂ©munis face aux vieux Alzheime r », capables Ă  la fois de solliciter et de rejeter, de flatter et de harceler. Faute d’une relation authentique, comment ne pas s’épuiser Ă  faire pour » ou sur », Ă  faire » marcher, faire » manger, faire » la toilette ou, pire, Ă  faire Mme Untel » !!... 34Naomi Feil rappelle qu’un soignant a besoin d’échanges pour pouvoir s’allĂ©ger », se sentir entendu et parvenir Ă  assumer sereinement son exercice professionnel. Avec ses collaborateurs amĂ©ricains et europĂ©ens, elle a donc Ă©laborĂ© des formations destinĂ©es Ă  transmettre le fruit de l’expĂ©rience acquise. Il s’agit d’aboutir Ă  des applications, qui contribuent Ă  enrichir la pratique des professionnels en gĂ©rontologie et Ă  entretenir leur motivation Ă  prendre soin, en perpĂ©tuant la relation d’aide » – qui donne sens au rĂŽle de soignant – cette part confisquĂ©e par l’étiquette dĂ©mentielle. ConsidĂ©rant la relation soignant-soignĂ© comme le prĂ©alable indispensable Ă  toute dĂ©marche de soin, la formation s’emploie Ă  dĂ©velopper les capacitĂ©s des professionnels Ă  utiliser des modes de communication fonctionnels pour entretenir le lien avec les vieux dits dĂ©ments, tout en veillant Ă  leur propre intĂ©gritĂ© et au respect de l’écologie relationnelle au sein des institutions. Cela requiert un cadre rigoureux, garant de la sĂ©curitĂ© de chacun, basĂ© sur la confidentialitĂ©, le non jugement, le droit de dire, de savoir et ne pas savoir, l’invitation Ă  une crĂ©ativitĂ© partagĂ©e. A la lumiĂšre des thĂ©ories qui sous-tendent la pratique de la Validation, il est question de dĂ©couvrir des maniĂšres diffĂ©rentes et plus ouvertes de voir, d’ĂȘtre et de faire, dans l’exploration de cette singuliĂšre relation soignant soignĂ©. 35Le projet est de proposer un soin acceptable dont l’exĂ©cution engage une coopĂ©ration et un partenariat avec la personne au lieu d’un soin subit. Il intĂšgrera certes des actes techniques et d’aide Ă  la vie quotidienne, mais dans un Ă©change fondĂ© sur la prĂ©sence, ouvert Ă  l’imaginaire, Ă  la transmission et en lien avec l’ensemble des acteurs engagĂ©s dans l’accompagnement de la personne ĂągĂ©e dĂ©sorientĂ©e et de ses proches. TÉMOIGNAGES DE PROFESSIONNELS 36 Cette pratique me permet de porter sur le vieillard un autre regard, et de remettre du sens dans le travail que je fais. » Patricia, infirmiĂšre Je retrouve ma motivation de dĂ©part Ă  ĂȘtre soignant. » StĂ©phane, aide soignant La formation m’a permis de reprendre confiance en moi, de ne plus apprĂ©hender de devoir m’occuper d’une personne Alzheimer. Maintenant j’ai envie de la rencontrer... » Sybille, aide soignante A nous soignants, accompagnants, il est demandĂ© de les rejoindre, en quelque sorte d’entrer dans leur univers le temps d’un soin [...] d’entrer en communication avec eux, mĂȘme si nous ne connaissons par leur histoire. Cette formation nous aide Ă  maintenir la communication avec eux, Ă  les reconnaĂźtre comme personnes, Ă  valoriser leurs propos et leur permettre de cheminer par eux-mĂȘmes dans leur histoire, en Ă©tant pleinement reconnus [...] cela redonne sens et humanitĂ© Ă  l’ĂȘtre Ă  qui nous nous adressons, [...] Mais c’est nous qui sommes gagnants de mieux comprendre ce qu’il vit, d’accompagner [...] de rester prĂ©venants, attentifs Ă  ses gestes, Ă  son visage, pour tenter de lire ce qui l’habite, et d’agir au mieux Ă  ses cĂŽtĂ©s. » Annie, aide soignante Cette approche est facilement applicable [...] basĂ©e sur du vĂ©cu, elle est humaine et fondamentale pour notre travail et se situe dans le monde rĂ©el du soignant. » Carmen, aide soignante EFFETS CONSTATÉS EN INSTITUTION37Dans le cadre de la certification du CHU de Reims, le pĂŽle EHPAD a consacrĂ© une dĂ©marche d’évaluation des pratiques professionnelles EPP, Ă  la prise en charge non mĂ©dicamenteuse des personnes ĂągĂ©es atteintes de maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentĂ©s. DĂ©butĂ©e en 2007 au sein d’une unitĂ© de 60 lits, elle inclut la formation de l’équipe Ă  la pratique des Bases de la Validation, sur le principe d’un volontariat. 38En 18 mois, dans cette unitĂ©, l’usage des neuroleptiques s’est fortement rĂ©duit et les prescriptions au long cours ont disparu [16]. Les soignants dĂ©clarent se sentir moins dĂ©munis face aux comportements agressifs, plus capables de comprendre demandes et besoins des personnes atteintes, plus satisfaits des relations avec les rĂ©sidents et entre collĂšgues. Ils se disent fĂ©dĂ©rĂ©s par un projet commun et dĂ©positaires de compĂ©tences que les services voisins viennent solliciter. 39L’encadrement confirme le regain de motivation, associĂ© Ă  une chute des deux tiers de l’absentĂ©isme et une amĂ©lioration de l’image de l’unitĂ© auprĂšs des proches, attestĂ©e par une diminution des plaintes de familles qui se disent mieux accueillies. L’ensemble du pĂŽle enregistre une progression du nombre de postulants pour travailler dans les petites unitĂ©s de vie, l’accueil de jour et l’accueil temporaire pour patients Alzheimer. 40DĂ©jĂ , la crĂ©ation d’une premiĂšre unitĂ© de vie Alzheimer en 2006 avait renforcĂ© les Ă©changes avec les personnes atteintes, la participation des proches et suscitĂ© des rencontres, jusqu’à inspirer la crĂ©ation d’un spectacle 007A, voyage au pays de l’oubli » ; un conte » qui porte leurs paroles vers le public, Ă  travers l’histoire imaginĂ©e de MĂ©mĂ© Nui », la gardienne des rĂȘves, qui rĂ©introduit la part du mystĂšre, dans ce qu’il advient de nous
 Comme une invitation Ă  s’affranchir d’une position de victime, pour redevenir acteur de quelques contes Ă  rĂ©gler », ou d’une destinĂ©e Ă  crĂ©er ensemble. FORMATION DES AIDANTS NATURELS ET BÉNÉVOLES 41InitiĂ©e Ă  la demande des aidants en quĂȘte de moyens concrets pour maintenir des Ă©changes significatifs, ces actions ont eu pour simple objectif de dĂ©velopper leur capacitĂ© Ă  prendre soin d’eux mĂȘme, Ă  prendre du recul, Ă  se repositionner et Ă  communiquer autrement [17] mais avec authenticitĂ©, plutĂŽt que de s’enfermer dans une relation de co-dĂ©pendance. En complĂ©ment des groupes de parole, ce travail semble contribuer Ă  aider l’aidant Ă  dire Ă  l’autre sa rĂ©alitĂ© propre et ses limites, Ă  surmonter le sentiment de culpabilitĂ© et Ă  engager un processus de deuil, non de l’autre, mais de ce dont on avait rĂȘvĂ© ensemble, pour pouvoir peut-ĂȘtre envisager un avenir nouveau et diffĂ©rent. 42 J’ai pris la dĂ©cision la plus difficile de ma vie dire Ă  Ginette que je ne viendrai pas la rechercher, mais que je continuerai Ă  m’occuper d’elle. Sa rĂ©ponse m’a Ă©mu aux larmes “ Je ne m’étais pas aperçue que tu Ă©tais si fatigué  alors, j’ai la maladie d’Alzheimer. Heureusement que tu es là”. Je devenais impatient avec elle, mais aujourd’hui, je vais mieux. Elle est contente de me voir et nous partageons encore de bons moments ». Jean, Ă©poux, 2008. COMMENTAIRES INTENTION43De l’ocĂ©an de la psychologie, de la mĂ©decine et de la philosophie, nous Ă©mergeons sur la terre plus ferme de l’intervention, oĂč il n’y a ni bon, ni mauvais diagnostic, pas de thĂ©orie juste ou fausse, mais des donnĂ©es relatives Ă  ce qui agit ou est utile. 44Sur la base d’une vision humaniste inspirĂ©e des thĂ©ories du dĂ©veloppement, Naomi Feil, propose une approche profondĂ©ment gĂ©rontologique des grands vieillards dits dĂ©ments, mettant en valeur leurs capacitĂ©s et leurs aptitudes naturelles, pour leur offrir un accompagnement plus digne. Adopter cette approche, c’est accepter de dĂ©couvrir en permanence des choses nouvelles et apprendre d’eux comment travailler avec eux. 45Nous n’avons pas dĂ©couvert de formule qui cerne la diversitĂ© des ĂȘtres humains, et restons bien conscients de ne pas possĂ©der la rĂ©ponse » Ă  toutes les situations. Comme J. Haley [18], nous pensons qu’il vaut mieux considĂ©rer les gens comme normaux, car lorsqu’on les traite comme des gens normaux ils tendent Ă  agir plus normalement. Alors que leur mettre une Ă©tiquette implique que l’on participe Ă  la crĂ©ation d’un problĂšme d’une maniĂšre telle que toute Ă©volution est rendue difficile ». Nous nous intĂ©ressons donc aux aspects qui semblent propices Ă  favoriser des changements positifs, modestes mais susceptibles d’induire des effets plus vastes et inattendus dans divers domaines de la vie personnelle ou socio familiale. 46GuĂ©rir une maladie d’Alzheimer dĂ©passe nos compĂ©tences. Mais, communiquer sur un mode verbal et non verbal, accompagner l’expression des affects et tenir compte de la subjectivitĂ© de la rĂ©alitĂ©, reconnaĂźtre Ă  autrui valeur et dignitĂ© et soutenir ses efforts pour lĂ©gitimer son existence Ă  ses propres yeux et Ă  ceux de son entourage, constituent a priori des objectifs rĂ©alistes et valorisant pour des soignants dĂ©terminĂ©s Ă  entretenir une relation vraie. Nous croyons que cette dĂ©marche peut contribuer Ă  aider certaines personnes Ă  conserver, voire Ă  retrouver, chaque matin le goĂ»t de vivre un jour de plus. 47Forte de l’hĂ©ritage des anciens, Naomi Feil apporte une pierre Ă  l’édifice commun et s’emploie dĂ©sormais Ă  transmettre cette envie de perpĂ©tuer la pratique d’une relation d’aide en continuel renouvellement. 48Quant aux aspects innovants de sa mĂ©thode, ils se matĂ©rialisent dĂ©sormais surtout dans l’enrichissement humain et professionnel qui dĂ©coule de ses applications. RÉSISTANCES ET MISES EN GARDE 49En affrontant les prĂ©jugĂ©s la Validation heurte des rĂ©sistances, suscite des inquiĂ©tudes, gĂ©nĂšre des maladresses, un manque de naturel, parfois des interprĂ©tations abusives par exemple, Ça fait pleurer », On est indiscret », On les force Ă  parler ». Parmi les objections Ça prend du temps » revient assez frĂ©quemment dans la bouche des professionnels qui dissocient le temps de la relation, de celui du soin, alors que ce dernier se trouve souvent facilitĂ©, avec une moindre frĂ©quence des troubles du comportement, lorsque les deux sont conjuguĂ©s. Ça demande de l’énergie et de l’attention » met par contre en relief la nĂ©cessitĂ© d’acquĂ©rir de l’aisance par l’apprentissage d’une pratique personnelle. 50La confrontation vĂ©ritable au vieillard mal ou dĂ©sorientĂ© » peut cependant conduire Ă  des remises en question inconfortables tant sur le plan professionnel que personnel, et nous renvoyer Ă  notre propre finitude ». D’ailleurs, certaines hypothĂšses retenues par Naomi Feil concernant la psychĂ©, la place et le rĂŽle de la conscience, le processus de dĂ©veloppement, les capacitĂ©s des patients... semblent contraires Ă  celles que partagent beaucoup de thĂ©rapies contemporaines. 51Enfin, il convient de savoir qu’aucune pratique n’est Ă  l’abri d’un mĂ©susage susceptible d’en pervertir la mise en application. On peut ainsi rencontrer, sous prĂ©texte de valider ce que dit la personne, des interprĂ©tations abusives C’est elle qui rĂ©clame les bisous, elle en a besoin, elle aime ça ». Il y a lĂ  confusion entre une demande et le besoin de se sentir aimĂ©e ou simplement en sĂ©curitĂ©. MĂ©susage aussi que des reformulations sans rĂ©elle empathie, Ă  l’instar d’un perroquet ; l’application sans Ăąme d’outils de communication telle une recette stĂ©rĂ©otypĂ©e ; des dĂ©rives vers des analyses sauvages, destinĂ©es Ă  satisfaire quelque irrĂ©pressible besoin de comprendre, lĂ  oĂč il suffit de se contenter d’accueillir. 52Une dĂ©ontologie et un fort sens Ă©thique se trouvent donc requis. Sans oublier que tout trouble psycho comportemental – pour ne pas risquer de mĂ©connaĂźtre des Ă©tats confusionnels ou d’authentiques troubles psychiatriques – nĂ©cessite une dĂ©marche clinique prĂ©alable, afin que soit Ă©tabli un diagnostic Ă©tiologique et assurĂ© le traitement d’une Ă©ventuelle cause curable. INDICATIONS ET LIMITES53La Validation convient donc aux personnes dont la pensĂ©e logique est altĂ©rĂ©e, aux alentours de 75 ans, en Ăąge d’entreprendre le bilan d’une vie normale » et supposĂ©es, pour diverses raisons, n’avoir pas sĂ» faire face Ă  certaines Ă©preuves traversĂ©es durant leur existence. Il s’agit de personnes qui, au terme d’une vie plus ou moins satisfaisante, se portaient bien jusqu’au moment oĂč elles ont opĂ©rĂ© un repli sur elles-mĂȘmes, dĂ©passĂ©es par une accumulation de pertes. 54Elle n’a pas Ă©tĂ© conçue pour des handicapĂ©s mentaux, ni des gens orientĂ©s souffrant d’affections psychiatriques, ou organiques, tels qu’un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral, ni pour ceux qui ne sont pas encore de grands vieillards. 55Toutefois, la plupart des principes de la Validation – l’empathie, une attitude respectueuse, une connaissance de la biographie du sujet, la comprĂ©hension de ses motivations et l’usage des outils de communication – pourront s’appliquer avec profit [19] dans nombre de structures pour personnes ĂągĂ©es. RECHERCHES ET PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT56L’attention est ici centrĂ©e sur ce qui est rĂ©alisable et susceptible d’évoluer, plutĂŽt que sur ce qui est inaccessible et ne peut pas ĂȘtre modifiĂ©, un petit changement Ă©tant suffisant pour engager un processus. 57Il convient de rester bien conscients de plusieurs faits ce sont des patients animĂ©s par une intention dĂ©terminante, et il n’y a pas une façon juste » de voir les choses. Des points de vue diffĂ©rents peuvent ĂȘtre tout aussi valables. 58Les observations expĂ©rimentales demandent Ă  ĂȘtre confirmĂ©es par des travaux de recherche, pour objectiver les effets bĂ©nĂ©fiques et l’impact sur des paramĂštres aussi divers que la durĂ©e du temps de communication quotidien, la consommation des psychotropes, la frĂ©quence et l’intensitĂ© des troubles du comportement, le fardeau des aidants, la motivation des soignants, l’acquisition de compĂ©tences nouvelles, la valorisation professionnelle, ainsi que l’absentĂ©isme et la stabilitĂ© des amĂ©liorations Ă  travers le temps. 59Nous escomptons des applications personnalisĂ©es, capables de rendre Ă  la relation toute sa valeur crĂ©ative et innovante ; c’est-Ă - dire de lui permettre de demeurer le lieu d’expression de notre humanitĂ© mutuellement reconnue et sans cesse rĂ©actualisĂ©e. 60Au-delĂ  de l’intĂ©rĂȘt immĂ©diat de ces pratiques pour mobiliser les ressources individuelles dans l’accompagnement, il serait intĂ©ressant d’estimer leur incidence sur la production collective de sens et la reconnaissance de la fonction du vieillard, par l’entourage et la collectivitĂ©. Sans compter qu’une telle dĂ©marche participe de fait d’un effort collectif de solidaritĂ© dans la lutte contre la marginalisation et l’exclusion. 61 L’idĂ©al serait que chaque AlzheimĂ©rien » soit suivi par un tuteur qui s’entoure d’un groupe convivial d’accompagnement [...], mini-sociĂ©tĂ© qui serait Ă  son Ă©coute, attentive et chaleureuse. Ainsi la personne dĂ©boussolĂ©e trouverait-elle un milieu adaptĂ© Ă  son Ă©tat singulier, connaĂźtrait-elle un mode de vie qui serait parsemĂ© de moments de bonheur, retrouverait-elle des raisons de vivre » [20]. 62En se fondant sur une vision de prĂ©supposĂ©s et de thĂ©ories, Naomi Feil a acquis une expĂ©rience, Ă©tabli des principes et structurĂ© des techniques, qui dĂ©bouchent sur une pratique en continuel renouvellement. Il semble qu’elle aboutisse aujourd’hui Ă  des applications mobilisatrices, qui ouvrent pour les soignants, les proches et la collectivitĂ© sociale, la perspective de s’inscrire dans une dynamique relationnelle gratifiante et porteuse de sens. 63Un sens singulier inscrit dans la rencontre de l’Autre, qui s’élabore dans les Ă©changes infimes d’un quotidien en lutte contre la dĂ©shumanisation, voire le rejet et l’exclusion, capable de rĂ©vĂ©ler et de rĂ©orienter nos engagements rĂ©ciproques. 64Un sens collectif, dĂ©diĂ© au respect des libertĂ©s, Ă  la solidaritĂ© et Ă  la dĂ©fense des droits fondamentaux, sensĂ©s fonder le lien social au sein de nos sociĂ©tĂ©s supposĂ©es Ă©voluĂ©es Un sens enfin, qui viendrait cĂŽtoyer les questions existentielles auxquelles nos vieux se confrontent peut-ĂȘtre, nous prĂ©cĂ©dant tels des explorateurs des confins, pour dĂ©livrer quelque ultime tĂ©moignage Ă  celles et ceux qui accepteraient de les entendre ... 65Par ses prĂ©supposĂ©s, sa mise en Ɠuvre et ses effets, la Validation pourrait ainsi participer d’une vision anthropologique, dont les consĂ©quences se rĂ©vĂšleraient dans la pratique de l’accompagnement, rappelant le prima de la relation sur toute action de soin. 66En tĂ©moignent les observations des professionnels et des proches, qui en ont ressenti les effets, mutuellement bĂ©nĂ©fiques, et parfois gĂ©nĂ©rateurs de reprĂ©sentations moins utilitaristes et plus apaisĂ©es de la Condition Humaine. Ainsi, Parler » aux personnes ĂągĂ©es dĂ©sorientĂ©es contribue-t-il peut-ĂȘtre Ă  garder vivant, au sein de notre monde consumĂ©riste, le lien ancestral avec nos pairs ; leur prĂ©sence et leur parole animĂ©es tĂ©moignant de nos luttes, hĂ©roĂŻques et dĂ©risoires, lĂ  oĂč la vie et la raison nous Ă©chappent et viennent interpeller notre appartenance Ă  une lignĂ©e, Ă  une histoire, Ă  une destinĂ©e... 67Ou peut-ĂȘtre, ne s’agit-il plus simplement que de prĂȘter attention Ă  nos vieux, de les respecter et d’en prendre soin grĂące Ă  ce qui fonde notre HumanitĂ©, en nous employant Ă  les aider Ă  transmettre ce lien ancestral. 68Soigner c’est aussi dĂ©visager, parler et reconnaĂźtre par le regard et la parole, la souverainetĂ© intacte de ceux qui ont tout perdu » [21]. Notes [1] Balmary Marie. Le Moine et la psychanalyste. Albin-Michel, Paris, 2005. [2] Erikson Erik. The life cycle completed. Extended version. New York, WW Norton & Co, 1997. [2] Cyrulnik Boris. Les nourritures affectives, Paris, Odile Jacob, 1993. [3] Freud Sigmund. Cinq leçons sur la psychanalyse, 4e ed. Payot, 1981. [4] Verwoert Adrian. Clinical geropsychiatry. Baltimore, Williams & co, 1976. [8] Piaget Jean. [9] Suzuki S., Esprit zen, esprit neuf, Le Seuil, Paris, 1977. [10] Watzlawick Paul Une logique de la communication, Le Seuil, Paris, 1979. [11] Cyrulnik Boris. Le murmure des fantĂŽmes, Odile Jacob, Paris, 2003. [12] Balmary Marie. Le Moine et la psychanalyste. Albin-Michel, Paris, 2005. [13] De Shazer S. Patterns of brief family therapy, Guilford, New York, 1987 [14] Congruence un message est dit congruent quand le verbal est en accord avec le non verbal. [15] Sauvy Jean. La maladie d’Alzheimer vĂ©cue Ă  deux. ElĂ©gie. L’Harmattan, Paris, 2007. [16] NDLR. Ces constats sont instructifs mais n’ont aucune valeur probante faute d’études versus population tĂ©moin et versus autre mĂ©thode. [17] L’accompagnement en Actions. VidĂ©o FNG Accompagner la Vie Ă  Domicile. Maintenir la Relation ORRPA CLIC 51100. [18] Haley Jay. ThĂ©rapies orientĂ©es solution Problem solving therapy. Harper & Stratton, New York, 1976. [19] Feil Naomi, Validation, Lamarre, Rueil Malmaison, 2005. [20] Sauvy Jean, La maladie d’Alzheimer vĂ©cue Ă  deux, L’Harmattan, Paris, 2007. [21] Bobin Christian, La prĂ©sence pure. Le temps qu’il fait, Paris, 1999.

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